En moyenne, l’abeille sillonne 4 à 5 kilomètres aux alentours de sa ruche pour butiner. Depuis des années, le manque d’un écosystème sain et suffisant contribue à sa disparition. Les abeilles ont besoin d’un biotope composé de plantes variées à visiter et l’affaiblissement de la biodiversité les impacte fortement.
Entre les années 60 et 80, le remembrement est utilisé de manière intensive. Cette procédure avait notamment pour but de réduire les temps et coûts d’exploitation agricole en regroupant de petits champs pour en faire de grandes surfaces adaptées aux engins modernes : tracteurs et moissonneuses batteuses. Les nombreux remembrements ont affecté les paysages de campagne, supprimant des centaines de milliers de kms de haies naturelles. Cette pratique a souvent été désignée comme cause de destruction massive du bocage, de talus, de fossés, de mares et de petites zones humides constituant un réseau vert fonctionnel.
On sait aujourd’hui que la fragmentation et la raréfaction des ressources et des habitats ont eu de grandes conséquences. Les abeilles sauvages ont notamment perdu leur habitat naturel habituellement situé dans les haies qui séparaient chaque ancienne petite parcelle. Le remembrement a également encouragé la pratique de la monoculture mettant alors en difficulté les butineuses. Si leur zone de récolte ne compte qu’une seule variété de fleur, la période de floraison est alors réduite. Les abeilles doivent chercher plus loin pour trouver de quoi se nourrir.
Avec l’intensification de l’agriculture et la course au rendement, les produits phytosanitaires ont fait leur apparition. L’utilisation massive d’herbicides parfois même couplée aux pesticides est un cocktail explosif pour les abeilles, pollinisateurs et autres insectes. Non seulement cela accentue l’affaiblissement de la diversité de plantes à butiner mais cela impacte gravement le métabolisme de l’abeille. De nombreuses études démontrent que ces produits chimiques sont de sérieux perturbateurs (notamment ceux faisant partie de la classe des néonicotinoïdes). Les abeilles vivant à proximité de champs traités ont tendance à récolter moins de pollen, à voir leur durée de vie réduite d’un quart et de disposer d’une incapacité à conserver leur reine en bonne santé. Ces produits neurotoxiques ralentissent la croissance des colonies, diminuent le nombre de naissances et bloquent les influx nerveux. Ils perturbent également les capacités de navigations des abeilles qui se retrouvent désorientées en vol, les rendant parfois incapables de retourner à leur ruche. De récentes études indiquent même que les abeilles développeraient une addiction envers les néonicotinoïdes.
La disparition des abeilles n’est pas provoquée par une seule chose mais par de nombreux facteurs plus ou moins récents. Si vous voulez aller plus loin sur les sujets évoqués dans cet article, voici quelques pistes :
Soixante années de remembrement
Vivacité de la question du déclin des abeilles
Des mélanges de pesticides réduisent l’activité des abeilles
Néonicotinoïdes et abeilles : la désorientation des individus confirmée en plein champ
Trop de pesticides, moins de miel